Par Erik Barrus
De nombreuses personnes ont façonné mes aspirations en matière de pêche à la mouche. C'est mon père qui m'a appris à pêcher avec ma première canne qui était une Shakespeare tout-en-un de mauvaise qualité provenant de Wal-Mart. J'ai pêché avec cette canne pendant près de cinq ans avant d'être assez bon pour passer à d'autre chose. Ce premier été, j'ai passé beaucoup de temps sur la pelouse à essayer de lancer ma ligne et je finissais généralement par voir ma mouche atterrir à environ trois mètres devant moi. Je ne me suis pas laissé abattre et j'ai continué à m'entraîner jusqu'à ce que je me sente un peu plus en confiance.
La plupart du temps, j'embarquais sur mon float tube et je suivais mon père de loin autour de notre lac préféré. Il n'a aucune idée du nombre d'heures que j'ai passé à le regarder lancer sa ligne comme si elle sortait d'un char d'assaut M4 Sherman. J'ai appris que la pêche à la mouche ne consiste pas seulement à attraper le plus gros poisson ou le plus grand nombre de poissons, mais aussi à rester tranquille. Cela semble être l'antithèse de la pêche à la mouche puisque vous êtes constamment en mouvement. Cependant, avec la pêche à la mouche, j'ai appris à rester immobile et à vivre pleinement le moment présent. Il arrive parfois, même si ce n'est pas souvent, que je ne prenne pas de poisson et c'est durant c'est moment que je repense aux heures passées à apprendre à pêcher à la mouche. Ça m'a permis de tisser des liens et passer du temps avec mon père, et ce sont ces choses-là qui sont inscris au marqueur permanent dans ma mémoire.
Mon oncle Tad est une autre personne qui m'a aidé à perfectionner mon art. En préparation pour ma première visite en Alaska, il m'a emmené dans un parc voisin et m'a enseigné toutes les subtilités du "Chuking Meat". Jusqu'à ce moment-là, je n'avais jamais lancé de streamer ou quoi que ce soit qui ait des yeux en plomb assez gros pour faire une apparition dans la vidéo d'entraînement de Richard Simmons Blast and Tone de votre grand-mère. Heureusement pour moi, la courbe d'apprentissage était assez raide et j'ai pu acquérir suffisamment de finesse pour connaître un certain succès lors de ma première expérience en Alaska. Il n'y a rien de tel que de pouvoir renvoyer à la maison plus de 30 kg de filets que vous avez attrapés vous-même. J'ai toujours apprécié le temps qu'il a pris pour m'enseigner et me parler de la pêche à la mouche, même si je ne le lui ai pas toujours dit.
Lorsque j'ai commencé à sortir avec ma femme, j'ai partagé avec elle toutes mes passions, la plus importante étant la pêche à la mouche. Elle m'a bien sûr parlé de sa famille et des choses qu'elle aime. Cependant, elle a omis de me dire que son père mouchait depuis des décennies. C'est la principale chose que nous avions en commun et elle ne l'a même pas mentionné ! La première fois que je suis allée chez eux, j'ai vu dans leur garage une grande photo de lui dans un float tube en train de pêcher. J'étais si heureux de voir que nous avions quelque chose à nous dire pendant ce qui aurait pu être un de ces dîners silencieux et gênants de "rencontre des parents". Scott est la personne qui m'a appris qu'il était possible d'attacher autre chose qu'une mouche sèche ou un streamer ! J'ai toujours été un adepte de la mouche sèche et il a élargi mes horizons. J'ai eu la chance de pouvoir organiser de nombreux voyages de pêche avec Scott.
Je me souviens la première fois que nous sommes allés pêcher ensemble au L.C. Ranch dans l'Utah, un endroit où il pêchait depuis près de 20 ans. C'est là que j'ai vu son côté compétitif dont je ne soupçonnais pas l'existence. Il avait même un compteur de poissons attaché à sa veste pour ne pas oublier exactement combien de poissons il avait pris. Le premier soir, après avoir pêché toute la journée, nous sommes rentrés à la cabane et nous avons parlé des poissons que nous avions attrapés et de ceux que nous avions perdus. Nous avons parlé des mouches qui avaient fonctionné et de l'aigle que nous avions vu arracher des poissons de l'eau. Quand il a appris que j'en avais attrapé un peu plus que lui et surtout le plus gros poisson du voyage, il n'était pas très enthousiaste. Le lendemain, il ne m'a pas demandé une seule fois combien de poissons j'avais pris. Au lieu de cela, il s'étirait le cou et me demandait : "Avec quelle mouche as-tu attrapé cette truite tigrée ?". J'ai adoré pouvoir partager mon expérience des mouches sèches tout en apprenant davantage sur les noyers grâce à lui. Quand il s'agissait de pêche à la mouche, Scott était l'incarnation même de la maniaquerie. Il était un parfait compagnon de pêche parce que nous nous arrêtions rarement pour diner, nous faisions le tour de tous les plans d'eau pour nous assurer qu'aucun trou ne restait non pêché, et nous apportions toujours des lampes frontales lors de nos voyages parce que nous pêchions inévitablement jusqu'à la tombée de la nuit. Dieu sait qu'il faut lancer des souris au crépuscule pour faire remonter les grosses truite brunes agressives. Il renonçait souvent à attacher plus de tippet plus la soirée avançait parce que cela prenait trop de temps au lieu d'avoir une mouche sur l'eau. En nettoyant nos boîtes à mouches, on trouvait des mouches attaché à des bas de ligne plus épais qu'un crayon n°2.
Ces souvenirs sont particulièrement significatifs car Scott a été atteint d'un mélanome métastatique il y a 3 ½ ans et est décédé environ six semaines après le diagnostic. J'ai récupéré quelques-unes de ses boîtes à mouches après sa mort et elles contiennent les vestiges de son approche maniaque envers la pêche et la vie en général. Dans l'une de ces boîtes à mouches resteront à jamais quatre mouches que j'ai trouvées et dont le bas de ligne est ridiculement épais. Cela me donne les larmes aux yeux, mais me fait aussi rire en même temps. Scott ne vivait que pour la pêche à la mouche, ceux qui lui tenaient à cœur et sa famille. Ce sont toutes des choses que j'aspire à faire aussi bien que lui.
La plupart des beautés que j'ai trouvées dans la vie, je peux les attribuer ou les relier à la pêche à la mouche d'une manière ou d'une autre. J'espère que je pourrai continuer à transmettre cette tradition à ceux qui m'entourent. J'essaie de ne pas trop m'emballer à ce sujet, mais j'ai hâte de voir ma fille faire son premier lancer sur la rivière. J'espère que je pourrai lui transmettre une passion et un amour pour la nature. J'aimerais qu'elle puisse avoir le même genre de souvenirs que ceux que j'ai eus quand j'étais jeune homme ; développer un lien avec la nature est quelque chose qui m'a aidé à me sentir plus complet en tant que personne.